Acteurs impliqués
Mécanisme
Où ?
Dans la zone lymphocytaire T des organes lymphoïdes secondaires, qui constitue une zone de concentration des antigènes :
- Dans les ganglions lymphatiques : le paracortex (aussi appelé jonction cortico-médullaire)
- Dans la rate : au sein de la pulpe blanche, dans les Periarteriolar Lymphoid Sheats (PALS)
Quand ?
Après avoir subi la sélection positive et négative dans le thymus éliminant les clones inefficaces et auto-réactifs respectivement (voir ontogénèse des lymphocytes T), les lymphocytes T circulent dans la circulation sanguine et pénètrent dans les organes lymphoïdes secondaires.
Ils y scrutent les cellules dendritiques, guidés par le réseau des cellules fibroblastiques réticulaires. Si un lymphocyte T reconnait à la surface d’une cellule dendritique le complexe [molécule HLA-peptide] correspondant à son TCR, cela constitue son premier signal d’activation.
En revanche, si aucune cellule dendritique ne présente le complexe [molécule HLA-peptide] correspondant à son TCR, alors le lymphocyte T quitte l’organe lymphoïde secondaire (par le canal efférent lymphatique dans le ganglion, par la veine splénique pour la rate) pour répéter cette opération dans un autre organe lymphoïde secondaire.
Comment ?
L’activation des lymphocytes T naïfs ne peut se faire que par les cellules dendritiques.
Trois signaux d’activation sont nécessaires pour activer le lymphocyte T.
Signal 1
Interaction entre le TCR du lymphocyte T et le complexe [molécule HLA - peptide] de la cellule dendritique.
Assure la spécificité de l’activation du lymphocyte T
Cette reconnaissance est stabilisée par l’interaction du CD4 ou du CD8 du lymphocyte T avec la molécule HLA de la cellule dendritique, de classe II ou I respectivement. Suite à cette interaction, le CD3 associé au TCR transduit un signal via les motifs ITAM présents au niveau intracellulaire.
Signal 2
Interaction entre le CD28 du lymphocyte T et le CD80 et/ou CD86 de la cellule dendritique.
Evite l’anergie
Cette interaction amplifie et complète les signaux intracellulaires d’activation issus du complexe [TCR-CD3] qui vont permettre la sécrétion d’IL-2 par la cellule dendritique et l’expression d’un récepteur IL-2R par le lymphocyte T. Sans ce second signal et l’IL-2, le lymphocyte T serait anergique.
Signal 3
Via les cytokines présentes dans le microenvironnement.
Permet l’expansion clonale du lymphocyte T
Permet la différenciation fonctionnelle du lymphocyte T CD4+ et T CD8+
Les cytokines sont sécrétées principalement par les cellules dendritiques, mais aussi par les autres cellules du microenvironnement. Elles permettent la différenciation fonctionnelle des lymphocytes en lymphocytes T cytotoxiques pour les lymphocytes T CD8+ ou auxiliaires pour les lymphocytes T CD4+, ainsi que l’initiation de la prolifération clonale.
Arrêt de l’activationPour se dégager de l’interaction avec la cellule dendritique, le lymphocyte T exprime au bout de 2 à 3 jours la molécule CTLA-4 (Cytotoxic T Lymphocyte Antigen 4, ou CD152) qui est plus affine pour les molécules CD80 et CD86 que le CD28.
A la différence de l’interaction [CD28-CD80/86], l’interaction [CTLA-4-CD80/86] ne génère pas de signal d’activation au lymphocyte T. L’expression de CTLA-4 va donc stopper l’interaction avec la cellule dendritique ce qui permet au lymphocyte T de :
- soit quitter l’organe lymphoïde secondaire pour proliférer en clones fonctionnels dirigés contre l’antigène ;
- soit se diriger vers la zone d’interface T/B des organes lymphoïdes secondaires pour contribuer à l’activation des lymphocytes B.
Conséquences
L’activation des lymphocytes T va entrainer une expansion clonale qui augmente 1 000 à 10 000 fois le nombre de lymphocytes T spécifiques du complexe [molécule HLA-peptide] initiateur de cette activation. La grande majorité des lymphocytes T activés quittent les organes lymphoïdes secondaires pour exercer leurs actions effectrices dans les tissus, envers les cellules qui présentent à leur surface le même complexe [molécule HLA-peptide].
Les fonctions effectrices des lymphocytes T sont principalement :
Pour le lymphocyte T CD8+ : la cytotoxicité (lymphocyte cytotoxique)
Deux mécanismes de cytotoxicité sont utilisés par les lymphocytes T CD8+ :
- l’exocytose de granules lytiques
Par exemple la perforine (molécule de perméabilisation membranaire) et les granzymes (protéases) qui conduisent à la lyse de la cellule après destruction de la membrane. - l’expression de ligands de récepteurs de mort cellulaire
Les lymphocytes T CD8+ expriment constitutivement des ligands de mort cellulaire
(ex : TNF-α et TRAIL) dont les récepteurs sont exprimés par la cellule cible.
Le lymphocyte T CD4+ préalablement activé entre en interaction avec le lymphocyte B pour lui permettre de s’activer pleinement après qu’il ait reconnu un antigène via son BCR :
c’est la coopération lymphocytaire T/B (voir activation du lymphocyte B).
Les lymphocytes T CD4+ intègrent également des signaux de l’environnement et y répondent en synthétisant à leur tour des cytokines qui vont orienter la réponse immunitaire.
En fonction des cytokines que le lymphocyte secrète, on distingue différents profils dont les plus connus sont les profils Th1, Th2 et Th17.
Les profils des lymphocytes T CD4+ ne seront pas développés davantage ici.
Immunosuppresseurs agissant sur l’activation des lymphocytes T
Cible | Classe thérapeutique |
---|---|
Signal 1 Interaction TCR - [molécule HLA - peptide] | Inhibiteurs de la calcineurine |
Signal 2 Signal de co-stimulation | Corticoïdes Protéine de fusion CTLA4-Ig |
Signal 3 Action de l’IL-2 | Anticorps monoclonaux anti-CD25 (récepteur IL-2) Inhibiteurs de mTOR |
Blocage de la prolifération clonale | Antimétabolites agissant sur le métabolisme des purines* |
* Ces substances ont un effet cytostatique plus marqué sur les lymphocytes que sur les autres cellules en raison de la dépendance des lymphocytes T et B à la synthèse de novo des purines, alors que les autres types de cellules peuvent utiliser des voies métaboliques de suppléance.
Ce qu’il faut retenir
Les lymphocytes T sortant du thymus ont acquis un TCR fonctionnel et ont passé les étapes de sélection positive et négative avec succès.
Ils sont donc matures mais naïfs, et ce jusqu’à leur rencontre avec l’antigène. L’activation des lymphocytes T n’est possible que si et seulement si ils reçoivent les trois signaux d’activation : reconnaissance de l’antigène via leur TCR – engagement du CD28 – environnement cytokinique favorable. Ces trois étapes de l’activation sont absolument nécessaires à l’obtention d’un lymphocyte T cytotoxique (CD8+) ou auxiliaire (CD4+) pleinement fonctionnel, capable de lyser les cellules anormales ou d’entrer en coopération avec un lymphocyte B activé, respectivement.
Les immunosuppresseurs utilisés dans la transplantation d’organes ciblent l’activation des lymphocytes T.