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Les immunoglobulines sont des BCR solubles synthétisés par les plasmocytes, au terme de la maturation et de l’activation des lymphocytes B (voir ontogénèse des lymphocytes B / activation des lymphocytes B). Tout comme le BCR, les immunoglobulines reconnaissent des antigènes natifs, forcément extra-cellulaires. L’association d’une immunoglobuline avec son antigène spécifique forme le complexe immun, impliqué dans plusieurs mécanismes immunologiques cruciaux. Il existe plusieurs classes d’immunoglobulines (appelées isotypes) qui possèdent chacune leurs spécificités.

Structure tertiaire de l’immunoglobuline

L’immunoglobuline est un hétérotétramère formé de deux chaines légèresou λ) et deux chaines lourdesou δ ou α ou δ ou γ) identiques deux à deux. Chacune de ces chaines est le produit du réarrangement V(D)J, dont le polymorphisme se concentre dans les régions V (respectivement VL et VH) pour offrir un maximum de diversité au niveau du paratope (Fab) qui reconnait l’antigène, notamment au niveau des régions hypervariables (CDR Complementary Determining Region) de la région variable des chaînes légères (CDR1, CDR2 et CDR3). La fonction de l’immunoglobuline est portée par le fragment Fc qui détermine l’isotype de l’immunoglobuline.

H = Heavy (Chaine lourde), V = Variable
L = Light (Chaine légère), C = Constant

Fonctions

Opsonisation

Les immunoglobulines reconnaissent les antigènes présents à la surface d’une cellule cible. Les fragments Fc sont reconnus par les récepteurs Fc retrouvés à la surface des cellules phagocytaires, ce qui facilite l’internalisation puis la destruction de l’antigène impliqué.

ADCC (Antibody-Dependent Cell-mediated Cytotoxicity)

De la même façon que l’opsonisation, les immunoglobulines fixées à des antigènes membranaires (situés sur des cellules étrangères par exemple) peuvent lier le récepteur Fc à la surface des cellules phagocytaires ou des cellules NK pour initier leur activation contre la cellule étrangère.

Activation du complément

Le complexe C1 peut se fixer sur les fragments Fc des IgM et certains sous-types d’IgG (IgG1 et IgG3) pour activer la voie classique de la cascade du complément.


Il est important de noter que l’efficacité d’une immunoglobuline à engager les fonctions mentionnées ci-dessus dépend de son isotype, chaque isotype étant plus ou moins spécialisé pour chacune des fonctions. La capacité à diffuser à travers la barrière placentaire ou dans les muqueuses dépend également de l’isotype de l’immunoglobuline.

Spécificité des différentes classes d’immunoglobulines

IsotypeIgMIgDIgGIgAIgE
Chaine lourdeµδγαε
Structure
Pentamère
 
 
 
 
Sous-classe//IgG1 à IgG4IgA1 et IgA2/
Affinité+/- car produites par des lymphocytes B n’ayant pas subi de maturation de l’affinité MAIS
contrebalancé par la pentamérisation
+/-+++++++++
Passage à travers les muqueuses---+-
Passage à travers le placenta--+--
Activation du complément++-En fonction de la sous classe, surtout IgG3 ++--
Opsonisation++++ surtout IgG1 et IgG3
ADCC?+++

On remarque que les isotypes IgG et IgM sont fondamentalement pro-inflammatoires car ils activent le complément, augmentent la phagocytose (pour l’opsonisation) qui potentialise à son tour la présentation antigénique, activent l’ADCC, vecteur de cytotoxicité.

Les anticorps en transplantation d’organes

Les anticorps dirigés contre le greffon sont les ennemis absolus des greffons ! En effet, si des anticorps du receveur reconnaissent les cellules du donneur comme étrangères, ils peuvent induire une cascade inflammatoire aboutissant au rejet.

En pratique lorsqu’un greffon est proposé pour un receveur, il faut vérifier que celui-ci ne possède pas d’anticorps préformé dirigé contre le greffon. A ce jour, on vérifie surtout l’absence d’anticorps anti-HLA dirigés contre le greffon qui auraient pu être synthétisés à la suite d’un événement immunisant (éventuelles transfusions, première greffe ou grossesse). A la suite d’une greffe, on monitore le rejet potentiel avec la recherche de ces mêmes anticorps dirigés contre le greffon, aussi appelés DSA (Donor Specific Antibody).

En pratique, il est difficile de déterminer a priori le potentiel alloréactif d’un anticorps dirigé contre le greffon. On peut aussi s’interroger sur la participation des anticorps dirigés contre des antigènes du greffon qui ne sont pas des molécules HLA (« anticorps non anti-HLA »).

A noter que les anticorps naturels de type ABO sont présents même en l’absence d’événement immunisant (un individu de groupe sanguin A possède naturellement des anticorps anti-B et vice-versa). C’est pourquoi les greffes sont le plus souvent réalisées en isogroupe ou en ABO compatible dans le cadre d’une transplantation d’organe provenant d’un donneur cadavérique.

Ce qu’il faut retenir

Les immunoglobulines sont synthétisées par les plasmocytes, c’est-à-dire des lymphocytes B ayant évolué à travers tout le processus d’ontogénèse et d’activation secondaire à la rencontre antigénique (maturation d’affinité et commutation de classe notamment). Les fonctions principales des immunoglobulines sont l’activation du complément, l’opsonisation et l’ADCC. En fonction des chaines lourdes constituant cet hétérotétramère, on distingue cinq isotypes - IgA, IgD, IgE, IgG et IgM – chacun ayant des spécificités qui lui sont propres. L’étude des immunoglobulines dirigées contre le greffon (DSA) est un pan essentiel de l’acceptation d’un greffon pour un receveur donné, puis du monitoring de la greffe le cas échéant.